
“Un roman d’aventures (ou presque !)” – 5 questions à Yaël Hassan
1. Comment est né le projet si atypique et réjouissant de ce Roman d’aventures (ou presque !) ? Et pourquoi le « ou presque » ?
Les élèves dans les classes me demandaient systématiquement pourquoi je n’écrivais pas plutôt des livres « d’action », ou des livres fantastiques où ils se passeraient des choses, quoi ! Et chaque fois, tout aussi systématiquement, je leur répondais que je n’en étais pas capable. Que mon moteur à moi c’étaient les sentiments, les émotions, les faits de société, le vécu… Et puis, il y a deux ans de cela, j’ai réfléchi et j’ai décidé de me pencher sur la question. Et j’ai réalisé que je n’avais jamais essayé d’écrire autre chose. J’ai donc eu envie de tenter l’aventure. Mais comme j’étais une parfaite novice dans ce genre de littérature, il a fallu que je me renseigne, que je fasse des recherches… Et très vite m’est venue l’idée de faire de ma démarche, de mes tentatives, de cette expérience, un livre en soi. Quant au « presque », c’est parce que la forme du roman est tout sauf classique ! Les ingrédients du roman d’aventures sont là, mais on est tout de même assez loin de L’île au trésor de Stevenson ! D’ailleurs, la nécessité de mettre en scène un trésor va donner du fil à retordre à mon écrivain.
2. Qui sont les héros du roman que votre écrivain écrit sous nos yeux ? Quel est leur point commun ?
J’ai beaucoup remanié ce texte, qui a énormément évolué entre le projet de départ et le résultat final. Mais ce qui n’a pratiquement pas changé, en revanche, c’est ma bande de gamins auxquels je me suis d’emblée attachée. Ils sont tous inventés de toutes pièces et je serais bien en peine de vous dire d’où ils sont sortis. Ils étaient là, c’est tout, drôles, intelligents, attachants et dotés chacun d’un caractère bien trempé qui leur est propre… Nino et Nina, les jumeaux, Bella et David, Simon, Hildegarde, Doudou… qui vont tous réagir différemment face aux événements.
3. Tout en écrivant son histoire, l’auteur ne nous cache rien des difficultés qu’il rencontre. Ses commentaires sont désopilants, et constituent mine de rien une véritable leçon d’écriture. Expliquez-nous comment cela fonctionne !
Quand l’idée de faire intervenir sans cesse l’écrivain m’est venue à l’esprit, j’ai d’abord pensé que cela pouvait être déstabilisant pour mes lecteurs qui pourraient avoir des difficultés à s’y retrouver. Alors j’ai testé quelques chapitres dans les classes, et j’ai tout de suite vu que ça marchait, qu’ils souriaient, riaient, échangeaient des regards amusés, surpris, aussi bien les enfants que les adultes, d’ailleurs. Et si ça fonctionne, c’est peut-être aussi parce que c’est novateur, tout simplement. Parce que l’auteur qui peine tant à écrire son roman nous apparaît dans toute son humilité, son humanité, dirais-je. On a envie qu’il réussisse, et on lui pardonne même ses faiblesses…
4. Votre roman est un peu un 3 en 1 ! Car il y a aussi l’histoire incroyable que l’écrivain vit dans sa vraie vie, aux côtés de sa femme et de son fils…
Il ne s’agit, dans mon esprit, que d’une seule et même histoire, celle d’un auteur qui se donne pour mission d’écrire un roman d’aventures, mais sans que le roman qu’il écrit et le roman de sa propre vie ne soient vraiment dissociables. Et le livre est donc fait de ces passerelles, de ces allers et venues entre sa vie réelle et l’histoire inventée. Tout est étroitement lié et touts’imbrique. Les lieux, les paysages, les personnages, comme par exemple ceux de Simon, son propre fils, ou de Bella, la jeune fille qui travaille à la supérette…
5. On jurerait que Nathan, l’écrivain que vous mettez en scène, existe pour de vrai ! Y a-t-il un peu de vous-même en lui ?
Pour être honnête, au début, Nathan n’existait pas. Je m’étais mise en scène, c’était moi, l’auteur en question. Mais j’ai très vite abandonné l’idée qui me gênait quelque peu aux entournures. Je me suis sentie tout de suite bien plus à l’aise et plus libre dans la peau de Nathan. Et puis le fait d’en faire un personnage fictionnel me semblait également plus cohérent, cela participait mieux au processus de création. Mais Nathan et moi sommes très proches…